2 entreprises, 1 nourrisson, 0 équilibre : Pourquoi c'est une bonne nouvelle.
À 48 ans, j'ai compris que chercher la stabilité était un piège. Voici comment je navigue le chaos par l'alignement plutôt que par l'équilibre.
Il est 5h30 du matin. Dehors, la Bretagne est encore plongée dans cette obscurité humide que je connais par cœur. Le silence est total, ou presque.
Dans la pièce à côté, mon fils de 3 mois commence à s’agiter. Ce n’est pas encore un pleur, c’est le signal sonore d’une nouvelle journée qui exige tout de moi. Sur mon écran, une feature critique de Creadoc for School attend d’être débuggée. Dans mes jambes, je sens encore l’écho de la séance de Karaté d’hier soir. Et dans quelques heures, je devrai changer de casquette pour devenir mentor, père d’un ado de 12 ans, et partenaire soutenant pour ma femme qui lance sa journée de consultations et massages ayurvédiques.
J’ai 48 ans.
Selon les standards de la société, je devrais être “posé”. Mon plan de carrière devrait être stabilisé, mon emprunt sur trente ans arrivé à mi-parcours, et ma famille autonome. Je devrais être confortablement installé dans la tiédeur de la vitesse de croisière.
Mais je vais vous faire une confession : cette vision me terrifie.
L’idée de finir dans un lotissement, habitant une maison cubique identique à celle du voisin, à inviter des pseudo-amis chaque week-end autour d’un barbecue Weber pour parler de la pluie et du beau temps... Pour moi, ce n’est pas la réussite. C’est une mort lente.
Au lieu de ça, ma réalité ressemble à une tempête parfaite. Je suis dans l’œil du cyclone.
Si vous écoutez les gourous du développement personnel sur Instagram ou les managers bienveillants de LinkedIn, ils vous diront tous la même chose, avec ce sourire compatissant qui m’insupporte :
“Nicolas, il faut que tu trouves l’équilibre Vie Pro / Vie Perso.”
Laissez-moi être brutalement honnête avec vous aujourd’hui. C’est le genre de vérité qui pique un peu au début, comme une douche froide, mais qui finit par réveiller :
L’équilibre est un mythe.
Pire, c’est un mensonge biologique, une erreur de conception logicielle et un piège spirituel.
Si vous vous épuisez à essayer de maintenir les plateaux de la balance parfaitement alignés, si vous culpabilisez chaque soir de ne pas avoir été “assez” partout, cet article est pour vous. Nous allons déconstruire cette illusion et voir comment coder une réalité qui fonctionne, non pas malgré le chaos, mais avec lui.
Bienvenue dans le déséquilibre dynamique.
Le Syndrome de la Ligne Plate
Commençons par un peu de biologie (et de bon sens).
En médecine, un équilibre parfait, une homéostasie absolue, une ligne qui ne bouge plus sur le moniteur, cela porte un nom précis : la mort.
La vie, la vraie, c’est la variation. C’est la sinusoïde. C’est le battement cardiaque : contraction, relâchement. C’est le cycle des saisons. C’est le Yin et le Yang qui ne sont jamais statiques, mais toujours en train de se transformer l’un en l’autre.
Pourtant, nous portons tous cette culpabilité sourde. Celle de ne pas être “assez” présent pour nos enfants quand nous sommes concentrés sur notre business, et de ne pas être “assez” productif quand nous sommes en train de jouer aux Lego.
Nous cherchons à figer le temps. Nous essayons de compartimenter notre existence comme on range des fichiers dans un disque dur partitionné :
Dossier C:/FamilleDossier D:/BusinessDossier E:/Spiritualité
Mais l’humain n’est pas un système de fichiers cloisonné. C’est un flux d’énergie.
Il y a plus de 20 ans, j’ai vécu une année en immersion totale au Japon, dans l’un des Dōjō les plus réputés et les plus rudes du monde, auprès de Yahara Sensei. À l’époque, ma vision était binaire. Je pensais que l’intensité était la seule réponse.
Je me souviens de ces tunnels de noirceur, de cette fatigue extrême, de cette solitude culturelle. Je me poussais au-delà du raisonnable. Pour moi, ceux qui parlaient d’équilibre étaient des faibles. Je me répétais : “Balance is for losers!” (L’équilibre, c’est pour les perdants). Si tu ne saignes pas, si tu ne pleures pas, tu ne progresses pas.
J’étais, à bien des égards, un fanatique.
Un jour, mon Sensei m’a regardé et m’a dit :
“Trouve ton équilibre. Dans l’entraînement comme dans la vie, tout est une question d’équilibre.”
Sur le coup, je n’ai pas compris. J’ai cru qu’il me demandait de ralentir. Il m’a fallu deux décennies, la création de plusieurs entreprises et l’arrivée de ce bébé à l’aube de la cinquantaine pour décoder ce qu’il voulait vraiment dire.
Il ne parlait pas de compromis.
Il parlait d’alignement.
La Leçon du Code et du Skateboard
Récemment, je me suis remis au skate pour accompagner mon fils aîné.
Observez un skateur. S’il cherche l’équilibre statique, s’il cherche à être parfaitement droit et immobile sur sa planche... il est à l’arrêt.
Pour avancer, sa posture doit être vivante, dynamique, et il doit accepter de tomber vers l’avant. Il crée un déséquilibre contrôlé que le mouvement vient rattraper. C’est une succession de chutes rattrapées.
C’est exactement la même chose pour votre vie d’entrepreneur ou de parent.
Aujourd’hui, avec mes deux entreprises et mon bébé, j’ai arrêté de chercher à diviser mon temps équitablement. J’ai remplacé la gestion du temps par la gestion de la fréquence.
Comme le dit souvent mon mentor Jesse Elder, le temps est une ressource linéaire, une utile illusion, mais ce qui compte c’est l’énergie, et c’est une fréquence.
Le problème n’est pas que vous n’avez pas le temps. Le problème, c’est que vous diluez votre fréquence.
Si je passe une heure avec mon fils, mais que mon esprit est hanté par un bug sur l’application ou par une notification Slack, je ne suis pas en équilibre. Je suis absent. Je suis un fantôme. Ma fréquence est brouillée.
Inversement, si je code en culpabilisant de ne pas être avec mon bébé, je produis un code médiocre, buggé, qui me demandera deux fois plus de temps à corriger.
L’illusion, c’est de croire qu’on peut tout faire en même temps. Mais notre OS n’est pas multitâches.
La réalité, c’est qu’on peut tout faire, mais séquentiellement, avec une intensité totale.
Alors, comment fait-on concrètement ? Comment on ne sombre pas quand tout réclame notre attention simultanément ? Comment coder sa réalité pour qu’elle ne plante pas ?
Voici les 3 piliers que j’utilise aujourd’hui. Ce ne sont pas des théories, c’est mon système de survie.
Pilier 1 : Le Zanshin (La Présence Radicale)
Vous vous souvenez du concept de Ichi Go Ichi É dont je vous parlais dans un précédent article ?
“Chaque moment ne se rencontre qu’une fois”
Le Zanshin (l’esprit qui demeure), c’est l’art d’être totalement là. C’est l’antidote absolu au multitasking toxique qui détruit notre cerveau en apportant confusion et saturation mentale.
Quand je me lève à 4h du matin pour notre bébé, je ne suis pas une victime qui manque de sommeil. Je ne suis pas un entrepreneur stressé. Je suis un père qui prends soin de son fils. Je suis à 100% dans l’observation de sa respiration, de sa main qui agrippe mon doigt, des expressions de son doux visage. C’est une forme de méditation. C’est en quelques sorte un état de Mushin (sans esprit, sans pensée parasite).
À cet instant précis, mes entreprises n’existent pas.
Puis, quand je m’assois devant mon clavier pour coder ou écrire cette newsletter, mon bébé n’existe plus (c’est une image bien entendu, rassurez-vous, il est en sécurité !). Je plonge dans le flow. Je ferme les écoutilles.
L’outil concret pour vous :
Arrêtez de vouloir “gérer” vos enfants et votre travail en même temps. Cloisonnez temporellement, mais décloisonnez émotionnellement. Nous ne sommes qu’un et il est illusoire de vouloir séparer les secteurs de notre vie en nous, et ça s’apparente même à une forme de Schizophrénie pour moi…
Quand vous êtes avec vos proches, coupez ce maudit téléphone. Soyez là. Une heure de présence intense et joyeuse vaut mieux que dix heures de présence physique avec l’esprit ailleurs. C’est ça, respecter la fréquence, honorer son énergie.
Pilier 2 : L’Architecture du “Non” (La Stratégie du Vide)
Dans mon framework CSE (Clarté - Stratégie - Énergie), la stratégie ne consiste pas toujours à ajouter des choses à faire. Elle consiste parfois (souvent même) à en enlever.
Pour dire un grand “OUI” à cette vie dense (ma famille, mon art martial, mes business), je dois dire des “NON” impitoyables.
C’est l’application du principe Gi (la Technique/Stratégie) dans la vie réelle.
Je n’ai plus de temps pour :
Les relations sociales de surface ou par obligation.
Les projets clients qui ne m’allument pas l’âme.
Les distractions vides (scroller sur les réseaux sociaux sans but).
La consommation d’informations anxiogènes.
Comme le Yin (le vide, le calme) permet au Yang (l’action, la puissance) d’exister, je dois créer du vide pour que ma vie tienne debout.
J’utilise ce que j’appelle L’Ignorance Stratégique. Je choisis délibérément d’ignorer tout ce qui ne sert pas mon Shin (mon Esprit, mon Cœur) et mon Michi (ma Voie).
C’est terrifiant au début de dire non. On a peur de rater une opportunité (FOMO). Mais rappelez-vous : Si ce n’est pas un “OUI !” qui vibre dans vos tripes, c’est en fait un “Non”.
Votre temps est votre ressource la plus précieuse et non renouvelable. La façon dont vous dépensez vos heures est la façon dont vous codez votre vie. Ne laissez personne écrire des lignes de code parasites dans votre programme.
Pilier 3 : Les Rituels (Votre Armure)
Je n’aime pas le mot “routine”, il sent l’ennui et la photocopieuse. Je préfère parler de Rituels.
Avec un bébé qui ne fait pas ses nuits et deux boîtes à gérer, mes rituels ne sont pas une option “bien-être”. Ce sont les piliers porteurs de ma structure. Sans eux, le toit s’effondre.
On pense souvent qu’avec un emploi du temps surchargé, la première chose à sacrifier est le temps pour soi (le sport, la méditation).
C’est l’erreur fatale.
C’est précisément parce que vous êtes sous pression que vous devez augmenter votre maintenance interne. On ne conduit pas une Formule 1 à 300 km/h sans faire des arrêts aux stands millimétrés.
Mes “Non-Négociables”, même en mode survie :
Le corps (Tai) : Je bouge. Karaté, Yoga, ou simplement marcher. Si je ne peux pas faire 1h, je fais 20 minutes. Mais je le fais. L’énergie stagnante est l’ennemie. Un de mes Sensei(s) disait toujours “On ne stagne jamais, si l’on ne progresse pas, on régresse”. Et oui, la nature de la vie, du monde, et par extension la nôtre, c’est le mouvement, l’expansion, et la seule chose qui est constante, c’est le changement !
L’esprit (Shin) : La Méditation. C’est mon “Reset”. C’est là que je télécharge les mises à jour de mon système d’exploitation mental et des inspirations du ChatGPT Cosmique ! C’est là que je passe du mode “Réaction” au mode “Création”.
L’écriture : Tenir un journal. Clarifier mes pensées. Écrire a quelque chose de magique pour nous permettre de ralentir le flux de nos pensées et nous aider petit à petit à obtenir la clarté et nouvelles idées (qui immanquablement conduisent à de nouvelles actions !).
Vous n’avez pas besoin d’une routine matinale de 3 heures comme un moine tibétain. Vous avez besoin de points d’ancrage. Par exemple :
Une douche froide pour réinitialiser le système nerveux.
10 minutes d’écriture pour vider le cache mental.
5 minutes de méditation.
2 minutes de respiration consciente.
Ces rituels vous permettent de passer du statut de victime de votre agenda à celui d’Architecte de votre journée.
La Vérité sur le “Pourquoi” (Shin)
Pourquoi s’infliger tout ça ?
Pourquoi ne pas simplement choisir la facilité, prendre un job alimentaire, regarder Netflix le soir et attendre que ça passe ?
Parce que nous sommes des créateurs.
Parce que nous sommes venus en ce monde pour être bien et authentiquement heureux, pour exprimer notre propre flamme intérieure, notre propre unicité. Pas pour simplement suivre un chemin tracé par d’autres.
Et parce que Codez Votre Réalité n’est pas juste un titre de newsletter, c’est une responsabilité individuelle.
Je regarde mon fils de 12 ans chuter en skate et remonter. Je regarde mon bébé apprendre à tenir sa tête avec une détermination farouche. Ils ne cherchent pas l’équilibre. Ils cherchent la croissance. Ils cherchent l’expansion.
Car telle est notre nature. Et résister à cela, c’est résister à la logique de la vie elle même, et c’est sombrer lentement (mais sûrement) vers la dépression.
Et je me suis promis, dès mon plus jeune âge, que jamais je n’emprunterai cette voie.
Alors, si je choisis cette vie intense, c’est tout d’abord par soucis de responsabilité individuelle, de ma propre vie et de mon propre bonheur, mais c’est aussi parce que je veux leur montrer l’exemple.
Je ne veux pas qu’ils voient un père “équilibré” mais éteint.
Je veux qu’ils voient un homme vivant, passionné, parfois fatigué, parfois cerné, mais toujours aligné avec son feu sacré.
Il y a une phrase de Confucius que j’aime beaucoup : “On a deux vies, et la deuxième commence le jour où l’on se rend compte qu’on n’en a qu’une.”
J’ajouterais ceci : Votre deuxième vie commence le jour où vous arrêtez de chercher à calmer la tempête, et où vous commencez à devenir la tempête. Mais une tempête avec un œil calme, conscient et aimant.
Cesser de subir, commencer à coder
Peut-être qu’en ce moment, vous avez l’impression de couler sous les contraintes. Vous vous dites : “Je changerai de vie quand ça se calmera.”
Spoiler : Ça ne se calmera jamais.
La mer ne s’arrête jamais de bouger. Le but n’est pas d’attendre l’accalmie, mais d’apprendre à naviguer.
L’équilibre que je vise aujourd’hui n’est pas une balance à l’arrêt. C’est l’équilibre du surfeur, du skateur, du développeur en plein sprint avant une release. C’est un mouvement perpétuel ajusté par une conscience aiguë.
Ne cherchez pas à compartimenter votre vie. Tout est un.
Comme j’aime à le rappeler à mes élèves Karate-ka :
Karate is everything… Everything is everything.
Votre manière de coder est votre manière d’élever vos enfants. Votre manière de respirer est votre manière de gérer votre business. Votre manière de traiter votre corps est votre manière de traiter vos clients.
C’est terrifiant ? Non, c’est libérateur.
Cela signifie que vous avez le droit d’être intense. Vous avez le droit d’être fatigué. Mais vous avez surtout le pouvoir de choisir la fréquence sur laquelle vous vibrez, peu importe le chaos extérieur.
Alors, oubliez l’équilibre.
Cherchez l’alignement.
Cherchez la joie dans l’effort.
Cherchez la beauté dans le chaos.
Et codez votre réalité pour qu’elle serve votre vision, et non vos peurs.
À votre liberté,
Nicolas ❤️👊
Père, Développeur, Karatéka (et éternel ceinture blanche de la vie).
🚀 Votre prochaine étape
Si cet article a résonné en vous, ne le laissez pas être juste une lecture inspirante de plus. Le savoir sans l’action n’est qu’une illusion.
Identifiez une zone où vous cherchez un équilibre impossible et remplacez-le par une présence radicale (Zanshin).
Dites un “Non” franc et massif cette semaine à quelque chose qui ne sert pas votre but.
Réinstaurez un rituel simple dès demain matin (douche froide, 10 min de marche, écriture).
👇 Dites-moi en commentaire : Quel est le “Non” que vous devez dire cette semaine pour retrouver votre fréquence ?
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